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3gi t1589] journal
souvent de nuit, et faisoit lever leurs curés et prêtres de la paroisse pour les mener en procession : comme ils firent en ces jours au Curé de Saint-Eustache (0, lequel, pensant leur faire quelque remontrance, fut appellé politique et heretique, et enfin contraint de les mener promener. Ce bon curé, avec deux ou trois autres de Paris, condamnoient avec raison ces processions nocturnes, où hommes et femmes, garçons et filles, marchoient pesle mesle, et où tout étoit de carême prenant : c'est assés dire qu'on en vit des fruits.
Ce bon religieux de chevalier d'Aumale, qui en faisoit ses jours gras, s'y trouvoit ordinairement ; et meme aux grandes ruës et aux eglises jettoit au travers d'une sarbacanne des dragées musquées aux demoiselles par lui reconnues, ausquelles il donnoit ensuite des collations, où la Sainte Feuve (a) n'étoit oubliée, qui, seulement couverte d'une fine toille, et d'un point coupé à Ia gorge, se laissa une fois mener par-dessous le bras au travers de l'eglise de Saint-Jean, et muguetter et attoucher, au scandale de plusieurs qui alloient de bonne foy à ces processions.
Les prédicateurs en leurs sermons disoient mille injures du Roy. « Ce teigneux, disoit Boucher, est tou-* jours coëffé à la turque d'un turban, lequel on ne « lui a jamais vû ôter, même en communiant., pour « faire honneur à Jesus-Christ; et quand ce malheu-« reux hipocrite faisoit semblant d'aller contre, les reis-« tres, il avoit un habit d'Allemand fourré, et des cro-
(-) Curé de Saint-Eustache ; Il se nommoit René Benoist. -— (») la Sainte Veuve: La dame de Sainte-Beuve, cousine du chevalier d'Aumale.
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